« Notre mission est double : accompagner nos personnels de recherche et contribuer à la compétitivité des entreprises par l’innovation »
Stratégie d'innovation et de valorisation de la recherche de l'organisme, renforcement des liens entre la recherche publique et le monde socio-économique, impact des découvertes scientifiques à l’heure des grands défis de notre société… Entretien avec Mehdi Gmar, nommé directeur général délégué à l’innovation du CNRS le 1er mars 2025.
Bonjour Mehdi Gmar, vous êtes le nouveau directeur général délégué à l’innovation du CNRS. Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a attiré dans ce poste et partager avec nous les grands défis que vous percevez pour booster l’innovation issue de la recherche fondamentale ?
Mehdi Gmar : C’est le potentiel d’innovation du CNRS qui m’a d’abord attiré lorsque j’ai pris la direction de CNRS Innovation, il y a presque 3 ans. C’est toujours une grande fierté pour moi de servir cette grande maison, avec ce nouveau rôle, et de contribuer à son dynamisme en matière d’innovation. Le CNRS joue un rôle clé dans l’innovation à l’échelle mondiale, comme en témoigne son classement dans le Top 100 des innovateurs de Clarivate, aux côtés de ses partenaires industriels.
Notre mission est double : accompagner nos personnels de recherche et contribuer à la compétitivité des entreprises par l’innovation. La DGDI met à disposition des expertises uniques et des « outils » pour répondre aux besoins de ces deux communautés. Nous créons des ponts entre le foisonnement de connaissances et de potentiel d’innovations dans nos laboratoires et les attentes du monde économique.
Pour accélérer l’innovation, nous devons convaincre entreprises et laboratoires qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre le temps long de la recherche fondamentale et le temps perçu comme « court » des entreprises, et que les questions scientifiques qui émergent des collaborations public-privé permettent aux entreprises d’avoir les réponses de demain face aux grands enjeux des mutations technologiques. Nous encourageons des collaborations pérennes, notamment à travers les laboratoires communs, et accompagnons le développement des sociétés en leur donnant les clés pour évoluer dans un environnement en mutation – brevets, transfert technologique, expertises.
Être au service des équipes de recherche et des entreprises, c’est renforcer l’impact de l’innovation en France et à l’international.
Justement, le CNRS vient de signer son Contrat d’objectifs de moyens et de performance avec l’État. Comment vous inscrivez-vous dans cette ligne directrice en matière d’innovation ?
M. G. : Le CNRS poursuivra sa politique volontariste d’innovation, saluée par l’HCERES en 2023 dans son rapport d’évaluation du CNRS. Nous renforcerons cette politique avec l’objectif de donner envie à plus de chercheuses et de chercheurs d’embarquer dans l’aventure de l’innovation et d’augmenter notre volume de recherche partenariale avec les entreprises, en nous appuyant notamment sur notre réseau d’ingénieurs transfert qui vont à leur contact.
Trois axes principaux guideront notre politique sur la période allant jusqu’à 2028 :
- Donner envie, partager et accompagner : un réseau de 200 « ambassadeurs de l’innovation » sera mis en place pour couvrir le territoire national et les disciplines du CNRS, accompagné par 50 ingénieurs-innovation pour soutenir l’émergence de projets et le suivi des initiatives.
- Renforcer et compléter les programmes d’accompagnement à la valorisation : notamment le nouveau programme InnoBridge qui soutiendra les projets de rupture, en cofinançant avec des partenaires industriels pour maximiser l’effet levier public-privé.
- Développer des programmes expérimentaux, comme par exemple « CNRS - Entreprises en résidence » qui permettra d’accueillir des entreprises dans les laboratoires de recherche.
Comment s’articulent ces nouveaux objectifs avec les défis de notre société et des territoires ?
M. G. : Les nouveaux objectifs du CNRS s’inscrivent dans une logique de réponse aux défis majeurs de notre société et de nos territoires. Sur le territoire, le CNRS veille à maintenir des liens solides avec l’ensemble de ses partenaires, car nous croyons en la nécessité de prendre notre part à chaque échelon, du local au national. Les Pôles Universitaires d'Innovation (PUI) jouent un rôle moteur dans cette dynamique, illustrant parfaitement le rôle territorial et national du CNRS. Un exemple concret de cette approche est le programme de prématuration, qui favorise l’émergence de projets innovants qui sont partagés au sein de tous les PUI. Cela montre l’importance de notre présence et de notre capacité à participer aux actions locales tout en ayant une vision nationale.
Pour les entreprises et le grand public, notre participation à Vivatech est une belle illustration du potentiel d’innovation porté par nos laboratoires au service de la société. Nous vous donnons rendez-vous du 11 au 14 juin sur le stand du CNRS pour découvrir des innovations répondant aux défis de la transition numérique, environnementale et de santé.